Cycle de cinéma chinois — De l’écrit à l’écran — 9ème saison

Institut Confucius de l'université Paris Diderot. 

Programmation en collaboration avec le Centre de Documentation sur le Cinéma Chinois de Paris.

 

Cycle de cinéma chinois

De l’écrit à l’écran

9ème saison

 

Programme de l’année 2018-2019

 

Le programme de cette 9ème saison du cycle « De l’écrit à l’écran » débute, comme de coutume, avec un regard rétrospectif sur quelques classiques, en cette année de la fin des années 1940, période prolifique dont on ne parle pourtant pas beaucoup car les films réalisés ces années-là sont peu connus et rares à trouver.

Nous commencerons par un hommage au grand dramaturge Wu Zuguang (吴祖光), avec un film de 1949 bien peu souvent projeté, suivi de deux films de 1947, l’un de Jin Shan qui est l’un des grands classiques des films de guerre de l’époque, et l’autre complètement différent : une comédie de Sang Hu, écrite par Zhang Ailing. 

La dernière séance de cette première partie du programme sera consacrée à des courts métrages d’animation, un classique de1981, et cinq plus récents, des années 2009-2014, qui ont pour caractéristique commune d’être adaptés de certains des Contes du Liaozhai de Pu Songling.

Cela nous amènera au mois de décembre, avec une proposition de quatre séances " hors les murs", en l’occurrence au musée Guimet où est programmée une série de quatre films des années 1980, autour de « La Terre jaune » dans une copie rare de 35 mm, sous-titrée par Sylcie Gentil dont ce fut le premier travail de traductrice. 

Dans la seconde partie de l’année, nous avons scindé le programme en deux : une première série de cinq films en hommage à des réalisatrices. Les femmes sont en effet rares dans la profession, et trop souvent éclipsées par leurs alter egos masculins. Le CDCC se joint à un mouvement d’hommage partagé par un grand nombre de festivals cette année, dont celui du cinéma chinois de Paris, du 28 novembre au 6 décembre 2018.

Et pour finir l’année, nous conclurons avec deux films dont l’un a fait le tour des festivals en 2011-2012, et l’autre est tout simplement le dernier réalisé par Feng Xiaogang.

 

1ère partie (octobre-décembre 2018)

 

Les classiques méconnus

 

Années 1947-1949

 

1. Douce jeunesse《莫负青春》/ Mofu qingchun /

    Film de Wu Zuguang 吴祖光 – 1949, 120’

   Ecrit et réalisé par le grand dramaturge, scénariste et metteur en scène qu’était Wu Zuguang. 

Réalisé à Hong Kong par Wu Zuguang en 1947, « Douce jeunesse » 莫负青春( littéralement: Ne gâchez pas votre jeunesse! ) est traité comme une sorte de comédie musicale, avec la grande actrice et chanteuse Zhou Xuan (周璇) interprétant les intermèdes musicaux.

 

 

 

2. Sur la Soungari《松花江上》/  Songhua jiang shang /

    Film de Jin Shan 金山 – 1947, 114’

    Film en noir et blanc écrit et réalisé par Jin Shan.

« Sur la Soungari » est l’histoire de deux jeunes dont les rêves de mariage sont brisés par l’attaque surprise de Shenyang par les Japonais et l’invasion de la Mandchourie qui s’ensuit le 18 septembre 1931. Les villageois s’organisent pour lutter contre l’agresseur qui commence à maltraiter la population et à organiser le travail forcé pour construire des fortifications…

Le rôle féminin principal de Niu’er (妞儿) est interprété par la grande actrice Zhang Ruifang (张瑞芳) dont c’est le premier grand rôle au cinéma.

 

 3. Vive ma femme《太太万岁》/ Taitai wansui /

     Film de Sang Hu 桑弧 – 1947, 110’

     Sur un scénario de Zhang Ailing 张爱玲. 

Ce film est l’histoire d’une femme à la forte personnalité qui fait face avec habileté aux infidélités de son mari. Ce dernier, après avoir fondé son entreprise avec des fonds avancés par son beau-père, délaisse son épouse. Mais il fait faillite et se réconcilie avec elle.

Histoire anodine au départ, cette comédie de mœurs est mise en scène et interprétée avec tant de brio qu’elle en est devenue une brillante satire sociale.

On est surpris de voir le scénario signé Zhang Ailing, mais c’était son gagne-pain à l’époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Animation

 

4. Six courts métrages d’animation (de 1981 à 2014)

D’après les « Chroniques de l’étrange » (ou Contes du Liaozhai《聊斋志异》) de Pu Songling (蒲松龄)

 

- Le Taoïste du Laoshan《崂山道士》Laoshan daoshi 

  Film d'animation en stop-motion (Poupées) de Yu Zheguang 虞哲光

  Studios d’art de Shanghai, 1981, 22’ , VO STF

Un lettré s’endort et rêve qu’un maître célèbre l’initie aux secrets du taoïsme.

 

 

 

  

- Etrange《怪哉》Guai zai, animation 3D réalisation Seen Studio, 2009, 5’ ,  VO

D’après le conte « La société du Lotus blanc » des « Chroniques de l’étrange » (《聊斋志异——白莲教》).

 

 

 

 

- Aocheng, la ville du Génie Tortue 《鳌城》Ao cheng, de Zhang Jing 张静

  Université d’agriculture de Qingdao, 2014, 5’ , VO STF

- La Renarde《狐仙》Hu xian, de Meng Lu 孟鹿 et Li Nan 李楠

  Université d’agriculture de Qingdao, 2014, 15’ , VO STF

- La Nymphe《花仙子》Huaxianzi, de Meng Lu 孟鹿 et Li Nan 李楠

  Université d’agriculture de Qingdao, 2013, 10’45 , VO STF 

- La Source enchantée《神泉》Shen quan, de Su Yi 苏艺

  Université d’agriculture de Qingdao, 2014, 13’ , VO STF

 

 

Début des années 1980

Littérature et cinéma hors les murs

 

Au musée Guimet, les deuxième et troisième week-ends de décembre : quatre classiques du début des années 1980, dont deux inédits dans le présent cycle :

 

-        La Terre jaune / Huang tudi / 《黄土地》de Chen Kaige 陈凯歌, 1984

D’après Échos dans la vallée profonde 《深谷回声》de Ke Lan 柯蓝

15 décembre – 15 heures

-        La Maison de thé / Chaguan / 《茶馆》de Xie Tian 谢添, 1982

D’après la pièce de théâtre éponyme de Lao She 老舍

8 décembre – 15 heures

-        Nuit glacée / Hanye / 《寒夜》de Que Wen 阙文, 1984

Adapté du roman éponyme de Ba Jin 巴金 publié en 1946.

9 décembre – 15 heures

-        Le Talisman / Ruyi / 《如意》de Huang Jianzhong 黄健中, 1982

Adapté de la nouvelle éponyme de Liu Xinwu 刘心武

16 décembre – 15 heures

 

Pour mémoire 

Festival du cinéma chinois de Paris, sur le thème des réalisatrices chinoises

28 novembre-6 décembre 2018

 

 

2ème partie (janvier-juin 2019)

 

Hommage aux réalisatrices chinoises

 

5. C'est arrivé à Liubao《柳堡的故事》/ Liubao de gushi /

    Film de Wang Ping 王萍 – 1957, 75’ , VO STF

Dans une tonalité chaleureuse typique de la réalisatrice Wang Ping, ce film en noir et blanc raconte l’histoire d’un jeune soldat de la Nouvelle Quatrième Armée, pendant la guerre de résistance contre le Japon.

Stationné dans le village de Liubao, il tombe amoureux de la jeune Ermeizi qu’il perdra ensuite de vue, mais qu’il retrouvera des années plus tard en revenant au village.

 

 

6. Army Nurse《女儿楼》/ Nü’er lou /

   Film de Hu Mei 胡玫 – 1984, 128’ , VO STA

Il s’agit du premier film de la réalisatrice Hu Mei, l’une de celles appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la cinquième génération des réalisateurs chinois. Elle a connu un brillant début de carrière au début des années 1980. 

Ce premier film a été réalisé aux Studios du 1er Août, ceux de l’Armée, et lui a été inspiré par sa propre expérience sous les drapeaux pendant la Révolution culturelle. 

C’est le premier film, après la Révolution culturelle, à traiter de la vie des femmes et de leur psychologie, et en ce sens est à rapprocher des nouvelles de Wang Anyi de la même époque. Il est conté en voice over par une voix féminine, donc du point de vue féminin. Mais cette voix se trouve bientôt en collision frontale avec le discours officiel, et les désirs de la femme entrent en conflit avec son rôle dans la société.

 

 

 

 

 

 

7. Toi et moi《我们俩》/ Women lia

    Film de Ma Liwen 马俪文 – 2005, 88’ , VO STA

    Sur un scénario de la réalisatrice.

Le film raconte l’évolution des rapports entre une jeune étudiante et la vieille dame chez laquelle elle a trouvé une chambre à louer, dans un vieux si he yuan(四合院) de Pékin. C’est une vieille cour qui semble un havre de paix camouflé derrière le mur d’une ruelle, dans un hutong aussi anonyme que possible.  Le havre de paix est en fait transformé en enfer quotidien par le caractère acariâtre de la vieille dame. Jusqu’à ce que, peu à peu, elle se prenne d’affection pour la jeune fille, et vice versa.

Ma Liwen a vécu la même histoire quand elle était étudiante à Pékin. Son film est un hommage rendu à la vieille dame qui l’hébergeait et dont elle ne s’est jamais consolée de la mort ; ce n’est pas pour rien que l’étudiante, dans le film, s’appelle Xiao Ma (小马).

Le film doit beaucoup aux deux actrices, toutes deux remarquables.

 

 

 

 

8. Les amours de monsieur An《老安》/ Lao An /

    Film de Yang Lina 杨荔钠 – 2007, 87’ , VO STA

Exception dans le cycle De l’écrit à l’écran, ce film est un documentaire.

Documentaire certes, mais très « écrit ». Il s’agit du quatrième d’une série dont Yang Lina a repris le thème et le style du premier, « Les vieux » (《老头》), réalisé à la fin des années 1990.

C’est une « écriture » qui rappelle beaucoup celle du film de Ma Liwen, un documentaire qui se rapproche de la fiction au sens où la réalisatrice construit une histoire à partir de celle qu’elle a observée.

Yang Lina réalisera son premier film de fiction cinq ans plus tard, sans vraiment de rupture de style, son film de 2013 se présentant comme un hybride.

 

10. Love in a Fallen City《倾城之恋》/ Qingcheng zhi lian /

      Film d’Ann Hui 许鞍华 – 1984, 96’

      Adapté de la nouvelle éponyme de Zhang Ailing 张爱玲.

« Love in a Fallen City » est une adaptation classique d’œuvre littéraire à l’écran, en l’occurrence la nouvelle éponyme très connue de Zhang Ailing (张爱玲), écrite quelque quarante ans plus tôt.

L’histoire se passe à Hong Kong, juste avant la chute de la ville aux mains des Japonais. Zhang Ailing y dépeint un personnage féminin meurtri par un premier mariage désastreux ; au bord du désespoir, elle retrouve goût à la vie grâce à sa rencontre avec un sympathique célibataire hongkongais rencontré par hasard à Shanghai qu’elle va rejoindre à Hong Kong en pleine guerre.

La nouvelle a fasciné la réalisatrice qui s’est sentie, selon ses propres dires, vibrer à sa lecture et en totale symbiose avec elle. L’adaptation est donc parfaitement fidèle à l’original, au point d’en préserver des dialogues très littéraires. 

C’est une œuvre qui représente un tournant dans la carrière d’Ann Hui, et qui annonce une réflexion et une thématique personnelles qui prendra forme dix ans plus tard.

 

 

Et pour finir…

 

11. Ici, Là-bas《这里,那里》/ Zheli, Nali /

     Film de Lu Sheng 卢晟  - 2011, 93’ , VO STF

Sur un scénario co-écrit par Xu Yang 徐洋 et Liu Yong 刘勇, autre nom de l’écrivain Ge Fei 格非  

C’est le premier film réalisé par Lu Sheng. Il nous emmène des montagnes de Mongolie intérieure, dans l’immense forêt enneigée de la chaîne du Grand Khingan (大兴安岭), jusqu’à Paris, en passant par Shanghai, en un périple spatial aussi bien que temporel qui sous-tend une réflexion sur la distance et la solitude des individus dans le monde d’aujourd’hui.

A ces trois lieux correspondent en effet trois personnages en quête d’une identité, d’un mode de vie et d’un avenir, dans un monde où la tradition s’efface devant l’avancée de la modernité, en sacrifiant au passage les hommes, les bêtes et toute la nature.

Ici, c’est le présent de chacun, et l’endroit qui détermine ce qu’est l’existence à un moment donné. Là-bas, c’est le but, l’idéal, souvent inaccessible, le rêve, souvent brisé…

 

 

 

 

 

12. Youth《芳华》/ Fanghua /

      Film de Feng Xiaogang 冯小刚  - 2017, 136’ , VO STF

      Adapté du roman éponyme de Yan Geling 严歌苓

Le film décrit la vie d’un groupe de jeunes adolescents idéalistes, membres d’une troupe artistique de l’Armée de libération, pendant la Révolution culturelle. Les deux personnages principaux participent à la guerre du Vietnam et deviennent des héros, mais, après la Révolution culturelle, leur sort est celui de tout le monde, entre difficultés financières, trahisons et peines de cœur…